mardi 28 mai 2013

Les idoles des Années 60

Les grands boulevards parisiens de la place de la République à celle de l’opéra.
Photo prise à la sauvette, en noir et blanc de quatre jeunes « conquistadors » en semblant de smoking.

Trois portent des housses de guitare et tous arborent le sourire éclatant du vainqueur en direction du « veau d’or » découvert ou du « Graal » aperçu. A retirer en boutique contre remise du reçu.

Le phénomène musicale des années 60, son « revival » actuel ne se réduit pas à la tournée nostalgique de la « Parade Age tendre et tête de bois » nom emprunté à l’harmoniciste producteur animateur Albert Raisner, avec ses septuagénaires qui nous renvoient aux désirs de nos vingt ans, en 2013 et les succès de la tournée des mois précédents.

Avec « remplissage » des salles, aujourd’hui encore.

Bien entendu, restent les « grandes » stars qui n’ont pas « raccroché les wagons » sinon leurs guitares.

Des retours grâce aux  archives télé, en photos sur des albums ou comme sur ceux de famille tu n’identifies pas tous les membres de ta propres lignée et de ses embranchements.

Cousins éloignés ou confusion entre un arrière grand père, un arrière - arrière et son frère.

Il reste dans l’ombre des centaines de groupes, de musiciens, de chanteuses - chanteurs qui ont connu l’insigne honneur de monter au firmament, le temps d’un morceau, sur la prestigieuse scène mythique de l’Olympia. Celui d’avant sa modernisation. Beaucoup avait tenté et quelques uns, réussi auparavant leur exam’ de passage au temple du Rock, l’incontesté « Golf Drouot » au carrefour du même nom ou la plaque commémorative tarde à être posée.

Le « Bus Paladium » était un autre « chaudron » reconnu ou officiait « Vigon et son orchestre ».

Dans chaque ville moyenne fleurissaient trois ou quatre orchestres. Qui souvent se recouvraient successivement les affiches de leurs concerts, des galas quand ce n’étaient pas celles, électorales.

A Villeneuve le Roi (94) la concurrence était rude entre « Les Loups », « Pipo et son groupe » et « Les Shavadas ».

Ces derniers avaient le soutien inconditionnel d’une tante fortunée et affective qui possédait des péniches et reportait toute son affection sur son neveu « leader » du groupe, à la guitare « solo ».

La salle de répétition était au sous sol de la maison de la « Tata gâteau ». Face à la Seine, bien entendu. C’est elle qui allumait une boîte d’alcool à brûler pour réchauffer l’atmosphère avant les répétitions.
Des cours de musique « classique » étaient prodigués à côté de la gare de Villeneuve Saint Georges. Savoir jouer « Jeux interdits » te facilitait l’approche « d’Apache » du groupe anglais vedette du moment  : « Les Shadows ».

Grande Bretagne terrain incontesté d’éclosion de musiciens de légende.

Interpréter « Nuage » de Django Reinhardt restait lui, à des années lumières pour s’y confronter.

Le frère aîné du guitariste rythmique, avait le don de la promotion. Et du décor. Il avait peint la face de la grosse caisse du batteur et prenait les premiers contrats accessibles comme un caméléon gobe les mouches.

Un ami, voisin, d’ HLM, talentueux et besogneux, avait sur les achats de tissu, recommandés, au « Marché Saint Pierre » confectionné des vestes marron foncé, pailletées, col noir brillant. Chemises blanches, nœuds papillon, pantalons noirs et chaussures vernies du commerce complétaient l’uniforme du groupe, du « band » vedette présumé.

Coiffure en « banane » était un plus apprécié. Lunettes à grosse monture noire un « must ».

Le père du guitariste basse, entrepreneur dans la partie, fournissait cartes de visite, dépliants et photos attractives prises en studio pour les premières dédicaces.
Qui ne sauraient tarder être avidement collectionnées.

La tante sollicitée pour l’achat du matériel coûteux de sonorisation dès les soubresauts des premiers engagements gratuits.

Oui, car « promotionnels ». Sinon tout juste défrayés avec la promesse d’autres affaires plus mirobolantes les unes que les autres pour le lendemain ou un peu plus tard. Lentes souvent à se concrétiser. Oubliées la plus part du temps.

Un grand succès pour commencer la carrière.

Une première salle de cinéma comble jusqu’aux balcons. Pour les « Shavada’s » ?. Non pour un film en couleur ou se produit enfin l’idole des jeunes. Le directeur ne voit aucune objection à avoir pendant l’entracte « bonbons, caramels, chocolats, esquimaux glacés » un intermède musical en harmonie et en complément …« gracieux ».

Reconnaissance immédiate dans la ville.

Notoriété par onde de choc à la banlieue Sud.

Le spectacle est rodé. Les galas se succèdent. La concurrence est rude.

La presse se fait l’écho d’un événement d’une ampleur jamais vue. A L’Olympia plus de 100 groupes vont se produire pour faire élire l’un d’entre eux comme le meilleur. Enregistrement d’un 45 tours et contrat de vedette en prime.
Ce sera pour 112 formations retenues, le samedi 1, dimanche 2, lundi 3 juin 1963, à 15 h. et à 21 h. l’affrontement des décibels et des talents en herbe.

Le spectacle présenté par un animateur, un presque inconnu : Monsieur Jacques Martin. Vous voulez le programme ? : « Les Polaris – Les Misfits – Les Sloppers – Rocky John et ses diables rouges – Les Lords – Madison Guitare – Les Mercuries – Les Sharks – Les Eclairs – Jack Sanders et les Teens – Les Samourais – Jacky Deel et ses Loups – Moustique – Les Kings Creoles – Mat Morgan et les Jets – Les Strangers – Les Vicomtes … Bon, si vous souhaitez tous les noms on doit retrouver ça ailleurs, sur internet, que dans mes archives.

Dieu ! que ce serait fastidieux de leur rendre un hommage, mérité, à tous.

A la suite du tirage au sort qui fait l’ouverture du rideau, à sec, à froid comme « chauffeurs de salle » ? : « Les Shavadas ». Le plus mauvais. Qui derrière, arrivés au 48 ème groupe se souviendra encore d’eux ?

Les amplis prêtés par un grand magasin spécialisé proche de la Bastille sont allumés. Les musiciens lâchés comme des gladiateurs, lâchés ? … poussés, propulsés, oui ! Sous les applaudissements d’une salle comble qui commençait à s’impatienter.

Son patron Bruno Coquatrix ayant encore en mémoire le « soir ou l’on cassa l’Olympia » pour un musicien de Jazz qui aurait pu être le grand père de ces jeunots.
Pas le temps de vérifier, d’essayer ou pas encore le culot. A la première frappe, la caisse claire de la batterie se sépare de ses crans non serrés et gracieusement roule sur la scène. Faudra faire « sans ».

Les gagnants seront « Les Vicomtes » à ce qu’il paraît, j’avais toujours cru que c’était « Moustique ».

Bien des péripéties plus tard, cette photo est classée comme marque page dans l’album « Les idoles des Années 60 » (Edition 1) édité en 1988, ou deux des « Shavadas » se retrouvent dans l’orchestre des « Frogeaters ».

Mais c’est une autre histoire qui continue toujours, cinquante ans après ….

LEGER Michel (Breuillet)

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