mardi 28 mai 2013

Le Portefeuille a le blues

The Sweatshop, un studio de répétition sur Meresole Street à Brooklyn, New York. 16 heures, un vendredi après-midi de juin. Les stores étaient baissés mais laissaient tout de même passer quelques rayons de soleil. Il faisait chaud et les derniers accords de So many time, la dernière composition de Simon, résonnaient encore dans l’espace clos. Ils avaient loué le studio jusqu’à 19 heures, mais Simon, le pianiste et leader du groupe Bluesy People, annonça, un sourire aux lèvres :
« Okay ! Cette fois, nous le tenons ! C’est comme ça qu’il faudra jouer ce soir. En attendant, je propose qu’on se repose un peu.»
Ses compagnons et amis étaient eux aussi heureux. Après de dures semaines de répétition, ils étaient fin prêts pour LE concert. Le « big one », celui qu’il fallait à tout prix assurer, ne pas rater. Tous étaient conscients des enjeux de ce soir. Après trois ans de galère, de tournées en province dans des bars plus ou moins bien fréquentés, ils avaient enfin décroché une date au Birdland à Broadway. Une occasion en or ! Il n’était pas rare que des producteurs s’y rendent en quête de nouveaux groupes. Alors avec un peu de chance, ce serait le cas ce soir, et ils pourraient alors espérer signer un contrat. Ce soir était donc décisif pour leur avenir.
« Et soyez à l’heure ! » ajouta Simon en se levant.
« Je propose qu’on se retrouve un peu avant au LA Bar pour grignoter un petit truc, histoire de ne pas jouer le ventre vide. Qu’en dites-vous ? » demanda alors Mike.
« Ça marche pour moi » répondit Elena en souriant, avant d’ajouter « même si je ne pense pas être capable d’avaler quoi que ce soit. »
« On dit 18h30 ? »
Tom, Quantin et Simon acquiescèrent. Ils rangèrent leurs instruments et se dispersèrent dans la ville débordante d’activité et de vie. Une fois sur le trottoir, Simon hésita. Il n’avait guère envie de passer chez lui – il aurait préféré inviter Elena à boire un café, mais elle avait semblé presser de partir. Peut-être allait-elle rejoindre quelqu’un ? Sûrement Tony, pensa Simon et une vague de tristesse l’envahit. Il aurait tellement aimé être plus qu’un simple ami pour Elena. Il se résigna donc à prendre le chemin de son petit appartement. De toute façon, il devait prendre une douche et se changer. Aucune fausse note n’était permise ce soir, pas même une faute de goût vestimentaire. Ils avaient décidé d’un commun accord d’adopter une tenue sobre : complet gris anthracite, chemise blanche et cravate noire  pour les hommes, une robe longue, noire, pour Elena. Et Simon s’était réservé le droit de porter un chapeau. Il le savait, Robert Stanley serait dans la salle ce soir. Ce célèbre producteur, directeur du label BlueSoul, cherchait de nouveaux sons. Ils avaient leur chance, Simon en était convaincu, s’ils jouaient comme cet après-midi. C’était l’une des raisons pour lesquelles il avait été aussi dur et intransigeant avec ses amis et avec lui-même au cours de ces dernières semaines. Il n’avait cependant pas jugé utile de leur dire que R.S. assisterait à leur concert. Ils étaient déjà suffisamment sous pression.
Une fois chez lui, Simon but un café en fumant une cigarette. Il appréciait le calme qui régnait dans son appartement après l’effervescence du studio. Puis il alla dans la salle de bain, se déshabilla et entra dans la douche. Il fit couler l’eau chaude pendant de longues minutes. Il aimait sentir toute cette eau se déverser joyeusement sur sa tête puis ruisseler sur ses épaules. Au bout d’un moment, la vapeur d’eau l’enveloppa. Son regard était trouble, il avait l’impression de flotter dans un nuage. Toutes les tensions de la journée disparaissaient lentement, son esprit se vidait. Soudain, il se mit à penser à son père. Cet homme de sciences l’avait toujours encouragé à poursuivre son rêve de musicien. Pas une seule fois, il ne lui avait reproché de se consacrer au blues  plutôt qu’à ses études et Simon lui en était reconnaissant. Peu de temps avant sa mort, il l’avait invité à boire un verre dans son bar préféré, le Castle. Ce soir-là restera toujours gravé dans la mémoire de Simon. Après avoir discuté de tout et de rien, il avait pris un air solennel et déclaré : « Simon, il est temps pour moi de te transmettre ceci ». Il avait alors posé devant son fils un portefeuille. Simon avait été surpris et il lui avait demandé ce que tout ceci signifiait, ce que ce portefeuille avait de particulier, mis à part le fait qu’il était en cuir marron, usé par le temps, doux au toucher et de bonne qualité, bien qu’ayant une large éraflure. Son père lui avait alors expliqué que ce portefeuille avait appartenu à son père, au grand-père de Simon donc, et que selon ce dernier il portait chance. En effet, il lui avait été offert par un homme à qui il avait sauvé la vie durant la Seconde Guerre Mondiale. Environ deux semaines plus tard, le grand-père de Simon et son régiment avaient affronté un régiment allemand et le combat avait été âpre et rude. Beaucoup de soldats avaient été tués ou mutilés. Grâce au portefeuille qui avait fait écran entre une balle et sa poitrine, le grand-père de Simon avait pu revenir de cet enfer.
« Tu plaisantes ?! Tu ne vas pas me dire que tu crois à ce genre de balivernes ! » s’était exclamé Simon stupéfait que son père puisse attacher de l’importance à de telles histoires. Il ne comprenait pas comment son père, un mathématicien, un homme cartésien, acceptait une idée aussi saugrenue.  Son père avait souri avant de lui répondre « C’est exactement ce que j’ai dit à ton grand-père lorsqu’il me l’a donné. Et pourtant… » Puis son regard s’était perdu dans de lointains souvenirs. Simon avait essayé d’en savoir plus mais son père s’était contenté de hocher la tête en souriant et avait ajouté « Tu comprendras un jour…   Et puis si tu n’es pas convaincu, pense à Pascal et à son pari». Ne voulant pas lui faire de peine, Simon avait pris le portefeuille. Depuis, il l’avait toujours sur lui. Et pour se rassurer, pour ne pas admettre qu’une infime parcelle en lui voulait croire à ce talisman, il se disait qu’il ne faisait que suivre le conseil de son père. Aux personnes qui lui demandaient pourquoi il ne s’achetait pas un portefeuille plus « tendance », il répondait que ce portefeuille avait une valeur sentimentale.
« Ce soir, je vais enfin pouvoir vérifier le pouvoir de cet objet », pensa Simon en sortant de la douche. « Alors papa, j’espère que tu disais vrai ». Une fois habillé, Simon alla prendre sa veste qui était suspendue à l’entrée, histoire de s’assurer que le portefeuille était bien là. Il tâta la poche intérieure de sa veste mais il ne sentit pas la bosse familière. Il plongea alors la main à l’intérieur, regarda, mais il n’y avait rien ! Une panique irrationnelle s’empara alors de lui. Il fouilla frénétiquement ses autres poches, mais pas de portefeuille. Pourtant il était sûr de l’avoir ce matin en partant au studio.  Il regarda par terre, peut-être était-il tombé lorsqu’il avait suspendu sa veste ? Rien. Son portefeuille… Où était son portefeuille ? « Réfléchis ! » se dit-il. « Quand l’as-tu vu pour la dernière fois ? » Soudain, l’illumination. « A midi, le café à côté du studio de répétition ! C’est là que j’ai dû l’oublier ! J’ai payé et Elena m’a parlé. J’ai dû laisser mon portefeuille sur le comptoir. Espérons que le barman l’aura mis de côté. » Quelque peu rasséréné, Simon se mit en route pour le café. Au fur et à mesure qu’il approchait de sa destination, il hâtait inconsciemment le pas, si bien qu’en arrivant il courait presque. Essoufflé, il entra et se dirigea vers le comptoir où le barman essuyait des verres.
« Excusez-moi, j’ai mangé ici à midi et j’ai dû oublier mon portefeuille sur le comptoir au moment de payer. Vous ne l’auriez pas trouvé ? » Devant l’air blasé du barman, il ajouta « C’est un vieux portefeuille en cuir marron. »
« Désolé mais j’ai pas trouvé de portefeuille. »
« Vous êtes sûr ? Je l’ai peut-être laissé à ma table alors » dit Simon en indiquant de la main la table qu’il avait occupée quelques heures plus tôt. « Est-ce que je pourrai parler à la serveuse ? »
Voyant l’air inquiet de Simon, le barman se tourna vers une jeune femme : « Annie ! T’aurais pas trouvé un portefeuille marron à la 16 ? »
« Non, pourquoi ? » dit la jeune femme en s’approchant.
« J’ai perdu mon portefeuille. Je pensais l’avoir laissé ici ou alors il est tombé de ma poche. Je peux aller voir s’il ne serait pas par terre ? » Le barman opina et Simon se dirigea vers la table 16. Il regarda dessous, sur les chaises, autour, mais pas de trace du portefeuille.
« Alors, vous l’avez retrouvé ? » lui demanda la serveuse.
« Non. »
« Un client l’aura peut-être embarqué… Vous savez, les gens de nos jours… »
Simon les remercia et quitta le bar. Il était désemparé. « Tout va rater ce soir, c’est certain » pensa-t-il, désespéré. Ses pieds avançaient, mais sa tête était ailleurs. « Allons, ressaisis-toi ! Tu n’as jamais crû au pouvoir de cet objet. Il a juste une valeur sentimentale, rien de plus. Tu ne vas pas te mettre à croire à ces idioties ! Tu n’as pas besoin de ce portefeuille, tu as du talent et vous avez répété suffisamment longtemps et durement pour être au point. Pas besoin de grigri ! Penses à ta musique ! Tu ne dois penser qu’à ça : aux notes, au rythme… au blues. » Il était furieux. Furieux après lui-même, furieux d’être dans un tel état juste pour un bête objet, furieux de se laisser miner par des superstitions sans fondement. Sans s’en rendre compte, ses pas l’avaient guidé jusqu’au studio de répétition. « Mais oui ! Si ça se trouve, ce maudit portefeuille est tombé quand j’ai posé ma veste pour jouer. » C’est donc avec un certain soulagement mêlé d’appréhension que Simon pénétra dans le bâtiment. Il longea un long couloir sentant la cigarette et arriva enfin devant le studio 21B. Il se dirigea aussitôt vers le piano. Le portefeuille n’était ni dessus, ni sous le tabouret, ni par terre autour.  Il alla même jusqu’à décaler le piano, afin de vérifier que le portefeuille n’était pas tombé derrière. Rien. Il fit alors le tour de la salle, regardant sous les tabourets, soulevant les pupitres et les partitions, scrutant le sol à la recherche de ce petit rectangle marron. Mais aucune trace du portefeuille. Mis à part de la poussière, quelques papiers de bonbons, il ne trouva rien. Effondré, ne sachant plus où chercher, il s’assit au piano, posa les mains sur les touches et entonna After you’ve gone. Tout à sa musique, il ne vit pas Elena entrer. Elle s’approcha sans bruit, écoutant cette voix qu’elle aimait tant. Une voix profonde, grave, un peu éraillée, une voix de fumeur, une voix qui laissait si bien transparaître la mélancolie et la tristesse. Une voix pour chanter le blues, une voix qui vous donnait la chair de poule et vous transportait. Une voix qu’elle ne se lassait pas d’entendre. Elle avait rencontré Simon trois ans plus tôt, lors du festival de jazz de Montreux. Ils s’étaient retrouvés côte à côte pour assister au concert de B.B.King. L’ambiance était extraordinaire. Elle avait tout de suite été intriguée par cet homme grand, brun, aux yeux bleu acier. Elle n’aurait su dire pourquoi, mais elle était comme hypnotisée. Certes il était sexy et il possédait un charme indéniable, mais il y avait autre chose en lui qui l’attirait. Une âme torturée, tourmentée, un homme brisé, un artiste.  Il avait suffi d’un regard échangé au son de The thrill is gone pour qu’un lien s’établisse entre eux. Après le concert, elle n’avait pas envie de le perdre de vue, il était timide et c’était elle qui avait proposé d’aller prendre un verre, histoire de discuter entre fans du concert. Ils avaient discuté plusieurs heures, de musique, de blues en particulier, évoquant leurs chansons préférées, se découvrant ainsi une passion commune. C’est au cours de cette soirée inoubliable qu’ils avaient décidé de former un groupe de jazz and blues. Et ce soir, ils auraient enfin l’opportunité de voir tous leurs rêves aboutir.
« C’est magnifique, Simon » dit-elle alors qu’il plaquait les derniers accords. Il sursauta.
« Oh, Elena, tu es là. Je … je ne t’avais pas entendu. Tu… tu es là depuis longtemps ? » bafouilla-t-il.
« Depuis environ une minute » répondit-elle en s’approchant, un sourire aux lèvres. « Qu’elle est belle » pensait Simon sans la quitter du regard. Elle avançait tel un félin, sans bruit, d’une démarche souple. Ses boucles brunes ondulaient doucement sur ses épaules, une lueur amusée brillait dans son regard doux et gris. Elle vint s’appuyer au piano, se penchant doucement vers Simon. Et c’est avec une lueur au fond des yeux et un sourire provocateur qu’elle lui demanda sur un ton légèrement moqueur : « Tu comptes jouer dans cette tenue ce soir ? » Simon rougit puis regarda son jean usé, son vieux tee-shirt déchiré au niveau de l’épaule droite.
« Heu, non, bien sûr que non. Il faut que j’aille me changer » dit-il en se levant, se retrouvant ainsi à quelques centimètres d’Elena. Il pouvait sentir son parfum et le souffle de sa respiration. Après quelques secondes qui lui parurent une éternité, il parvint à articuler : « Et toi, que fais-tu là ? Tu ne devrais pas être avec Tony ? Il sera là ce soir ? Il viendra dans la loge ou… ? »
« Simon, tu parles beaucoup trop. » répondit-elle avec un soupçon de tristesse dans la voix.
« Heu, je… et bien c'est-à-dire »
« Tony ne peut pas venir ce soir, il est de garde. » Simon était comme hypnotisé, il avait du mal à respirer, son cœur résonnait telle une grosse caisse dans sa tête. « A chaque fois que nous donnons un concert il a toujours quelque chose d’important à faire ! Je… J’ai l’impression qu’il se moque de moi et de ce que je fais. Et ça m’agace. Il ne me prend pas au sérieux et ne s’intéresse pas à moi, enfin pas vraiment, pas comme j’aimerais… Je ne m’attendais pas à ça. Je pensais que ça se passerait autrement, différemment, mais… apparemment, je me suis trompée.»
« Je suis désolé, je croyais qu’il avait pu se libérer. Mais »
« Mais ? »
« Je… je ne veux pas me mêler de ta vie privée, mais si j’avais une copine comme toi, je… »
« Tu ? » dit-elle en le fixant du regard. Et dans ses yeux il put lire de la tristesse. Elle semblait si fragile en cet instant. Il aurait tant aimé la serrer dans ses bras, lui avouer combien il l’aimait. Mais il se contenta de dire :
« Et bien je ferais tout pour ne jamais lui causer de peine. »
« Tu es gentil, Simon » dit-elle en déposant un baiser sur sa joue. «Je vais aller me préparer pour ce soir » ajouta-t-elle en se dirigeant vers la porte. « Et tu devrais en faire autant ».
« Elena, attends ! » Elle se retourna, le regarda, étonnée, et attendit. Simon s’avança vers elle, le regard brouillé, son cœur menaçant de s’arrêter à chaque pas. Les mots avaient du mal à passer ses lèvres et il murmura tant bien que mal : « Je… Pourquoi… Est-ce que tu…» Mais il ne put finir sa phrase. Elena le dévisagea, ne sachant pas quoi faire. Elle n’avait jamais vu Simon ainsi. Il semblait désemparé, malheureux.
« Simon, quelque chose ne va pas ? » lui demanda-t-elle en lui prenant doucement la main.
Simon voulait lui avouer son amour mais elle avait quelqu’un dans sa vie. Certes quelqu’un qui la délaissait et la rendait malheureuse, cependant cela ne lui donnait pas pour autant le droit d’intervenir dans sa vie privée. Sans même se rendre compte de ce qu’il disait, il s’entendit prononcer : « Je j’ai perdu mon portefeuille, celui que mon père m’avait donné et… et tu vas me trouver stupide mais je n’ai jamais joué sans l’avoir sur moi, c’est un peu comme un talisman, tu comprends ? »
« Est-il marron ? »
« Oui, pourquoi tu l’as vu ? »
« Je l’ai trouvé par terre tout à l’heure en rangeant ma contrebasse. Je pensais qu’il était à Mike. » Et elle sortit le portefeuille de son sac. « C’est celui-là ? » demanda-t-elle en lui tendant l’objet. Simon le prit dans ses mains, le retourna, caressant le cuir souple et acquiesça. Une vague de soulagement l’envahit. Il leva les yeux et rencontra ceux d’Elena. Elle souriait.
« Merci. Maintenant, je suis prêt à jouer. On va faire un malheur ce soir. » Elle soutint son regard quelques secondes, puis partit.
De retour chez lui, Simon était à la fois heureux et déçu. Plus il repensait à sa conversation avec Elena, plus il s’en voulait. Elle était triste et il n’avait pas su la réconforter. Il avait eu l’occasion de lui avouer ses sentiments et au lieu de ça, il avait évoqué son portefeuille. Son portefeuille… N’était-il pas censé porter chance ? Espérons que ça se passera mieux ce soir.
21 heures. Le Birdland affichait complet. La tension se mêlait à l’excitation dans la loge des Bluesy People. Simon donnait les derniers conseils à ses amis, les exhortant à la perfection. Il était l’heure. Simon s’assura une dernière fois qu’il avait bien son portefeuille, puis il entra sur scène, salua le public, s’installa au piano et commença à jouer. Aussitôt, le stress disparut et il ne resta plus que la musique et le plaisir de jouer. Ils enchaînèrent les morceaux  avec aisance et humour et le public leur fit une véritable ovation. Alors qu’ils savouraient leur succès, le gérant du club vint chercher Simon. Robert Stanley voulait le rencontrer. Lorsque Simon revint à la table de ses amis une demi-heure plus tard, tous le regardèrent avec anxiété.
« Cette fois c’est officiel ! BlueSoul va produire le premier album des Bluesy People ! » déclara-t-il avec un grand sourire. Ses amis se levèrent pour l’embrasser, tous étaient heureux. Simon fit signe à un serveur et commanda une nouvelle tournée pour célébrer leur contrat. Ils restèrent encore une heure environ à parler de tous les changements qu’une telle opportunité allait impliquer dans leur vie, comme déménager quelques temps à LA, le temps d’enregistrer l’album, puis il y aurait une tournée dans tout le pays, peut-être même en Europe. Aux alentours de trois heures du matin, fatigués par cette longue journée, ils se séparèrent. Simon avait envie de prolonger un peu cette soirée, et décida  de rentrer à pied. Il se retourna pour jeter un dernier coup d’œil au Birdland, lieu de départ d’une nouvelle vie, et aperçut Elena. Elle s’approcha de lui, radieuse et dit :
« Finalement, ton portefeuille nous a porté chance. »
« Oui, peut-être. Je ne sais pas. Tout se serait peut-être passé de la même façon si tu ne l’avais pas retrouvé. Après tout, nous sommes les Bluesy People et le blues coule dans nos veines. »
« Peut-être… » répondit-elle en regardant Simon droit dans les yeux. « Mais sans lui, tu n’aurais peut-être pas réussi à te libérer de la pression et du stress. Je pense que sa présence te rassure et te donne confiance en toi. Alors je suis heureuse de l’avoir retrouvé avant le concert. »
Sans détacher les yeux de ceux d’Elena, Simon demanda : « Je n’ai pas envie de rentrer tout de suite, ça te dit de prendre un dernier verre ? »
« Avec plaisir ».

Catherine Nouan (Breuillet)

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